Le jury du Prix artistique Baloise était composé cette année de: Karola Kraus, directrice générale du MUMOK de Vienne, présidente du jury; Bettina Steinbrügge, directrice du MUDAM, Luxembourg; Susanne Pfeffer, directrice du MMK, Francfort; Susanne Titz, directrice du Museum Abteiberg, Mönchengladbach et Uli Sigg, collectionneur d’art et mécène suisse
Dans son installation "Periodic Sights", Joyce Joumaa aborde la profonde crise énergétique au Liban, l’une des catastrophes infrastructurelles les plus graves et les plus persistantes du pays. L’œuvre se compose de boîtes à fusibles transformées, dans lesquelles sont intégrées des photographies de motifs quotidiens de Beyrouth et de Tripoli: scènes domestiques, rues, places de marché et espaces urbains intermédiaires. Joumaa s’intéresse ici aux imbrications complexes du pouvoir, de l’infrastructure et de la psychologie sociale. Les boîtes sont éclairées en temps réel: la simulation reproduit la consommation électrique quotidienne d’un ménage au Liban – qui souvent ne dépasse pas deux heures. On peut ainsi se rendre compte directement de ce que cela signifie de vivre dans des conditions de pénurie structurelle. L’électricité – ou plutôt son absence – devient une ressource de pouvoir social.
La commande de l’éclairage de l’installation est directement reliée à la couchette du salon: les visiteur·euses constatent à quel point l’accès à l’énergie est rationalisé et s’avère décisif pour la visibilité, la participation et l’exclusion. Quiconque peut s’offrir un générateur ou une installation solaire, peut vivre dans la lumière.
Joyce Joumaa, *1998, vit à Beyrouth, Liban et à Amsterdam, Pays-Bas
Statements Stand M17, Galerie Eli Kerr, Montréal, Canada
Le travail sculptural de Rhea Dillon témoigne de l’imbrication et de l’enchevêtrement des identités caribéennes et britanniques. Dans son travail "Leaning Figures", un groupe de sculptures murales, elle confronte des formes de présentation ethnographiques à la question de l’origine de l’acajou sapelli du continent africain et de son utilisation pour la construction de navires négriers. La mélasse collante qui adhère aux assiettes en cristal prétendument précieuses illustre à quel point les cicatrices coloniales sont profondes et combien il est difficile de s’en défaire.
Rhea Dillon, *1996, vit à Londres, Royaume-Uni
Statements Stand M9, Galerie Soft Opening, Londres, Royaume-Uni
Pendant l’Art Basel 2025 (du 17 au 22/06), le Baloise Studio présente l’ensemble des lauréats et lauréates dans le hall 2.2.