Même pour la Baloise, tenir ses engagements quant au versement des dividendes contribue fortement à donner une image rassurante auprès de nombreux investisseurs. Cette perception non seulement a des conséquences positives pour la Baloise, mais aussi s’accompagne d’une grande valeur sociale, dans la mesure où la Baloise répond avec fiabilité aux exigences de ses clients, et ce, dans l’intérêt du collectif d’assurés.
En règle générale, aux yeux des investisseurs, les assurances ne sont ni des titres de croissance ni des supports adaptés à la spéculation. La plupart des investisseurs placent davantage leur capital chez les assurances pour la fiabilité de leurs dividendes. Beaucoup sont tournés vers le long terme et accordent en particulier une grande importance à la sécurité et la fiabilité des assurances. Ainsi, bon nombre de caisses de pension et de fonds consacrés à la prévoyance vieillesse, donnant donc majoritairement la priorité à la sécurité, sont investis dans des assurances comme la Baloise.
C’est précisément en temps de crise, lorsque les cours boursiers chutent fortement et deviennent très instables, que les versements des dividendes offrent un soutien sûr. Plus spécifiquement, les caisses de pension ont le devoir social d’assurer une flexibilité financière aux personnes à la retraite. Arrêter le versement de dividendes de la part des assureurs aurait deux conséquences négatives:
D’une part, il y aurait de ce fait moins de liquidités revenant sur le marché. À l’heure actuelle, le marché est en effet bien plus dépendant des flux d’argent que les assurances.
D’autre part, la confiance que placent les investisseurs dans la sécurité et la fiabilité des assurances serait sensiblement impactée. Plus les mesures de régulation sont fortes, plus l’impact négatif et durable sur le secteur de l’assurance est important. Les investisseurs évaluent en effet négativement la réduction de la capacité d’agir de l’entreprise. Cette perte de sécurité, de confiance et de liberté d’agir entraînerait des baisses significatives des cours supplémentaires pour les actions dans le secteur de l’assurance.
Enfin, une large part des caisses de pension et autres investisseurs à long terme bénéficiant de ces investissements se retrouveraient face à la question du «découvert». Pour l’exemple des caisses de pension, un découvert signifie que les engagements de celles-ci envers leurs clients sont plus élevés que leur patrimoine du moment. C’est ce qui se passe lorsque le rendement sur les placements est plus faible que le taux d’intérêt minimal fixé par le Conseil fédéral. Dans le pire des cas, le rendement obtenu est même négatif, ce qui peut entraîner un découvert considérable (< 90%). Pour cette raison, imposer un arrêt global du versement des dividendes peut causer des dommages bien plus importants à la société que poursuivre les versements comme prévu.
Du point de vue libéral, toute entreprise doit avoir la possibilité de décider elle-même, au vu de sa situation particulière, de l’arrêt ou de la diminution des dividendes, et ce, tant qu’elle n’a recours à aucune mesure de soutien mise en place par l’État.
À ce sujet, grâce à son modèle commercial, le secteur de l’assurance incarne à juste titre la sécurité et la durabilité. Il a mieux négocié les crises financières précédentes que le secteur bancaire, par exemple, n’ayant jamais eu recours à l’aide de l’État. Par ailleurs, la plupart des assureurs sont encore fortement capitalisés dans la phase actuelle; au début de l’année, bien souvent, leur ratio de solvabilité atteignait plus du double du ratio nécessaire. Ainsi, aujourd’hui encore, les assureurs restent bien dans le vert et peuvent répondre aux exigences de toutes les parties prenantes, même dans la situation globale que nous connaissons.
La décision de procéder ou non à une diminution des versements de dividendes doit prendre en compte l’ensemble des parties prenantes. En considérant les effets pour tous les groupes de ressources d’un modèle de création de valeur, on obtient les interdépendances de notre action qui doivent expressément être prises en compte, comme la situation individuelle en matière de liquidités et de capital de l’entreprise concernée. C’est uniquement de cette manière qu’une décision peut créer durablement de la valeur, et ce, pendant et après la crise.
Au vu de notre bonne situation de départ, de la forte performance de l’entreprise et en tenant compte des perturbations sur les marchés des capitaux et de la conjoncture en perte de vitesse, le conseil d’administration de la Baloise a décidé en toute conscience de proposer à l’assemblée générale un dividende augmenté de 40 centimes, soit 6.40 CHF. Nous consolidons ainsi notre stabilité en temps de crise. Aujourd’hui et demain, la Baloise soutient les secteurs de l’économie directement touchés par les effets de la crise, et ce, sous la forme de versements pour sinistres à ses clients, de versements de salaires à ses collaborateurs et de versements de dividendes à ses actionnaires. À l’avenir, la Baloise restera ainsi un partenaire fiable et un «havre de paix» pour ses clients, ses collaborateurs et ses actionnaires.
Les investisseurs qui détiennent des actions fournissent du capital à la société anonyme en question. Ce capital peut alimenter la croissance ou l’innovation et contribue à augmenter les bénéfices. Puisque les investisseurs sont toutefois également exposés à quelques risques, tels que l’échec des innovations ou le ralentissement général de l’économie, comme c’est le cas depuis le début de la pandémie de coronavirus, ils doivent être indemnisés pour une potentielle chute du cours de l’action. Pour cette raison, les investisseurs attendent une compensation du risque sous la forme d’un versement de dividendes.
La situation actuelle causée par le coronavirus a conduit l’État et les politiques à jouer un rôle de plus en plus fort dans l’économie. En avril 2020, sur la thématique des dividendes, l’European Insurance and Occupational Pensions Authority (EIOPA) a invité les assureurs européens à suspendre les versements de dividendes qu’ils avaient prévus. En effet, des flux de liquidités importants prenant la forme de versements de dividendes sont perçus comme peu sociaux alors que, en parallèle, la communauté des contribuables vient au secours des entreprises et de l’économie nationale dans son ensemble. L’Association Suisse d’Assurances a elle aussi appelé à la retenue. Parmi les établissements financiers, elle opère cependant une nette distinction entre les banques et les assurances. Une démarche nuancée qui prend davantage en considération les réalités individuelles et qui semble pertinente selon différents points de vue, y compris sous l’angle social.