«Si l’on m’avait dit il y a quelques années que je serais un jour propriétaire d’une brasserie, j’aurais éclaté de rire», raconte Daniel, qui a travaillé auparavant entre autres pendant 15 ans dans le domaine du marketing. Dans le cadre de l’organisation d’un grand événement, il était à la recherche d’une propre marque de bière. «C’est alors que j’ai appris qu’un ami venait de reprendre une brasserie.» C’est avec lui qu’il a fourni la bière pour l’événement en question. Juste après l’événement, Daniel a obtenu une proposition: «Ça te dirait d’entrer dans l’affaire?»
«Parmi toutes les brasseries, qui poussent comme des champignons, nous occupons la niche de la production durable de bière. Ce qui nous caractérise, c’est une bière qui veut offrir une valeur ajoutée.»
Daniel, qui s’est déjà penché activement sur le thème de la durabilité dans le cadre de son ancien emploi, s’est vite posé les questions suivantes: comment la bière est-elle produite? Qu’est-ce que ce produit en réalité? D’où viennent les matières premières? Les conclusions: tout comme c’était son cas à l’époque, le consommateur moyen ignore complètement ces informations. «La plupart des gens aiment la bière, la boivent et c’est tout.» C’est exactement ce que Daniel veut changer avec Birtel. En 2017, il a repris la gestion opérationnelle et y met depuis toute son énergie.
C’est simple, pensait Daniel, nous nous procurons les matières premières dans la région. Mais c’est plus difficile qu’il ne le pensait: les matières premières pour la bière, à savoir l’orge, le houblon, le malt et la levure, sont vendues sur les marchés internationaux. «Au final, tu ne sais pas exactement d’où viennent les matières premières. Cela vaut surtout pour le houblon.» Ces matières premières sont cultivées comme monocultures et traitées de sorte à ce qu’elles puissent être transformées simplement et que la bière ait toujours le même goût. Mais pour Birtel, il est clair qu’un produit naturel ne peut et ne doit pas toujours avoir le même goût. «Le houblon de culture biologique a un goût différent selon que l’année a par exemple été très sèche, ensoleillée ou pluvieuse.»
«Pour le vin par exemple, il est devenu normal pour les consommateurs de prendre en compte et d’accepter les années des produits naturels. Et en fait, c’est exactement la même chose pour la bière.»
Le chemin qui y mène commence il y a deux ans avec la recherche d’une parcelle de terrain adéquate pour cultiver ses propres matières premières. À cela s’ajoute la recherche d’un agriculteur, d’une malterie et d’un spécialiste qui accompagne le tout. «Cette année, nous avons pour la première fois cultivé de l’orge de brasserie sur un terrain à Reinach (Bâle-Campagne). Elle n’est pas traitée et n’a pas été arrosée. Nous sommes très curieux de voir ce que cela va donner.»
Pour l’avenir de Birtel, Daniel a un objectif clair en tête: «J’aimerais une brasserie d’égal à égal avec une exploitation viticole: je sais exactement où j’ai quelle plantation avec quelle matière première. De cette manière, je tire le meilleur pour le produit chaque année. Un jour, nous aurons une bière sur laquelle le millésime sera mentionné et il sera clair pour le client que le goût évolue avec les matières premières.»
Avec Birtel, Daniel aimerait inspirer d’autres brasseries et agriculteurs: «La consommation est tellement importante, de petits changements peuvent déjà faire bouger beaucoup de choses.» Ainsi, Birtel s’engage également afin que les matières premières pour la production de bière soient cultivées à grande échelle en Suisse et mène des entretiens avec les agriculteurs et le monde politique. «Le houblon et l’orge peuvent en réalité être parfaitement cultivés ici. Il ne faut pas oublier que la Suisse est une nation de la bière et que nous buvons plus de bière que de vin. À l’heure actuelle, le seul ingrédient suisse de notre bière est l’eau. Cela vaut également pour Feldschlösschen et Cie.»
Par ailleurs, Birtel est membre par conviction de One Percent for the Planet et soutient à cet égard en premier lieu la Summit Foundation, qui s’engage contre la pollution de nos paysages et de nos eaux par des déchets. Ensemble, ils organisent différentes journées de nettoyage. La première aura lieu le 5 septembre 2020. Venez y faire un tour!
En plus de mettre l’accent sur les matières premières, Birtel aimerait également rendre sa propre brasserie plus efficace. «À l’heure actuelle, nous avons encore besoin de quatre litres d’eau pour un litre de bière. Il est ici possible d’optimiser encore beaucoup de choses, par exemple avec une brasserie autonome et un système de récupération de la chaleur et de l’énergie.» Il est également prévu d’étendre le site de Dreispitz. Daniel se réjouit de l’avenir avec Birtel: «Vous pouvez vous attendre à bien des choses encore.»